Accueil A la une Allègement de l’horaire administratif : La faisabilité est le mot d’ordre !

Allègement de l’horaire administratif : La faisabilité est le mot d’ordre !

 

L’éventuel recours à la séance unique, l’année durant, pourrait être, en effet, une réponse favorable au confort et au bien-être de la population active occupée.

Les fonctionnaires du secteur étatique comme celui du privé se ressourcent deux mois par an. Ils accueillent le 1er juillet avec le ravissement et le soulagement tant escomptés. C’est durant les mois de juillet et août qu’ils ont droit à un horaire de travail clément, ajusté selon les impératifs des conditions climatiques estivales d’un pays censé être de climat modéré mais qui connaît, depuis bien des décennies, des canicules devenues habituelles. La séance unique vient ainsi au secours des fonctionnaires qui, dix mois durant, s’adonnent, contraints, à un rythme de travail des plus sévères. En effet, travailler huit heures par jour signifie que la plus grande partie de la journée, —sinon sa totalité notamment durant les mois de décembre et janvier— est dévorée par l’activité professionnelle.

Du coup, la valeur du travail change aux yeux des fonctionnaires. Ces derniers finissent par considérer leur gagne-pain comme un mal nécessaire, comme des chaînes qui les empêchent de profiter des journées, de la vie… A ce rythme-là, il faudrait avouer que le travail n’est plus un moyen pour gagner de l’argent et vivre dans la dignité. Il s’avère être une fin en lui-même. L’on vit pour travailler et non pas on travaille pour vivre !

Etude sans suite !

Suite à une étude qui a été réalisée par le ministère de la Fonction publique en 2016 et portant sur la valeur du travail et la présence des fonctionnaires dans le secteur public, des avis avaient été avancés sur le probable allègement de l’horaire administratif. Depuis, aucune trace de projet ni de programme et encore moins de stratégie n’a été repérée dans ce sens. Pourtant, le rendement des fonctionnaires durant la deuxième séance du travail est à discuter dans bien des administrations…

L’éventuel recours à la séance unique, l’année durant, pourrait être, en effet, une réponse favorable au confort et au bien-être de la population active occupée. Néanmoins, pour prendre une telle décision, beaucoup de considérations doivent être prises en compte. Selon M. AbdelsattarSahbani, sociologue, la question implique la réalisation de plusieurs études, lesquelles seraient axées aussi bien sur le rendement, sur l’agencement des horaires des autres institutions que sur les sources d’épanouissement de la famille tunisienne.

A quel prix ?

En effet, le volet du rendement voire de la productivité requise dans le secteur administratif et des services doit être le maillon fort autour duquel s’articuleraient toute démarche et toute mesure prises à cet effet. «Personnellement, je suis pour la séance unique à condition, d’abord, qu’elle soit garante d’une productivité à même de répondre aux besoins des citoyens, des secteurs vitaux et de l’économie nationale. Or, les Tunisiens ne sont pas de grands bosseurs. Aussi, une séance unique suffira-t-elle pour que le travail soit effectué en bonne et due forme ?», s’interroge M. Sahbani.

La généralisation de la séance unique et ses conséquences

Changer l’horaire administratif en optant pour la séance unique exige, par ailleurs, la concomitance de tous les horaires des institutions en rapport avec l’emploi du temps des pères et des mères de familles. «La séance unique doit être généralisée à toutes les institutions y compris les établissements scolaires», souligne-t-il. Cette logique ne peut tenir que dans le cas où les pédagogues et les enseignants affirment la possibilité de terminer le programme scolaire à temps en dépit de l’allégement de l’emploi du temps ! « Prenons, à titre d’exemple, un horaire scolaire d’une séance unique, fixé de 9h à 16h. Cet horaire, poursuit-il, impose aux écoles, aux collèges et aux lycées la mise à la disposition des élèves des cantines et des espaces de repos. De même pour les usines. Du coup, l’on se pose la question : est-ce applicable surtout dans le contexte économique actuel? ».

De la consommation…

Le sociologue attire aussi l’attention sur l’un des arguments sur lesquels sont fondés les systèmes de la séance unique à travers le monde. Opter pour une seule séance de travail vise, essentiellement, à inciter la population à la consommation. C’est en dehors de l’espace du travail que les familles et les individus s’adonnent à la consommation, aux achats et aux loisirs. Certes, la séance unique joue un rôle salutaire dans le relationnel surtout au sein de la famille. Néanmoins, investir dans le temps libre nécessite des moyens, chose qui manque à bon nombre de fonctionnaires. «Je pense qu’il est judicieux de réaliser des études sur l’utilité de la séance unique et sur son impact sur la famille. Autant commencer par analyser l’effet de l’allègement de l’horaire administratif qui a été effectué depuis des années, réduisant les jours de travail à seulement cinq jours sur sept au lieu de six jours sur sept», suggère M. Sahbani. Il conclut : «C’est bien de prendre une bonne décision. Sauf que pour qu’elle soit bonne, il faut aussi qu’elle soit faisable».

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